Les albinos des Grands Lacs africains

Le martyre de Noirs albinos

En mars 2016, la foule asperge sept personnes d’essence et les brûle une à une dans le district de Nsanje au Malawi. Celles-ci avaient intrigué les habitants par leur allure et surtout par les sacs qu’elles portaient sur le dos. De fait, elles étaient soupçon­nées de transporter clandestinement des os humains destinés à des pratiques de sorcellerie. Un terrible lynchage intervint après l’aveu de l’un de suspects : ils s’adonnaient au trafic d’os, vrai­semblablement d’albinos africains décédés.

 

En effet, dans plusieurs régions des Grands Lacs, les os et la chair des albinos sont réputés pour leur pouvoir : mélangés avec d’autres ingrédients peu ragoûtants, ils donnent une mixture censée donner chance et puissance et qui est même appréciée par des candidats politiques. Il n’est pas rare que des albinos décédés soient déterrés, car un cadavre peut valoir entre 75 000 à 200 000  dollars, mais des « morceaux » d’albinos vivants atteignent des cotes encore plus élevées.

 

Aussi, depuis 2006, on estime qu’une centaine d’albinos ont été enlevés et tués à des fins de sorcellerie. En 2015, en Tanzanie, 225 « sorciers » ont été arrêtés. Dans ce pays où toute sorcellerie est illégale et où les licences des guérisseurs ont été révoquées, on pourchasse tous meurtres ou mutilations d’albinos. Les sept personnes brûlées à Nsanje possédaient également des peaux de lézards et de lion, des os de phacochères, des œufs d’Autruche, des queues de singes et d’ânes et des pattes d’oiseaux destinés à confectionner les mêmes potions.

 

Des faits atroces

Naître « blanc » de deux parents noirs est une véritable malédiction dans des régions où une part de la population est inculte. Les albinos courent de grands dangers au Swaziland, au Burundi, en Tanzanie et même dans la République démocratique du Congo malgré les mesures prises par les autorités. Les sorciers boivent le sang des albinos et font croire à leurs « clients » que ce breuvage les renforce physiquement et mentalement. Des faits atroces ont été rapportés, comme ceux de la mutilation d’un enfant de six ans qui a eu la main coupée, et d’un bébé de dix-huit mois retrouvé amputé sauvagement des bras et des jambes. En avril 2010, une jeune femme albinos a péri les seins et les membres sectionnés tandis que son enfant de cinq ans, lui aussi démembré, avait eu en outre les yeux arrachés. Mariana Stan­ford, jeune femme albinos amputée des deux bras, mais laissée en vie, a fait une tournée aux États-Unis en 2008 pour témoi­gner de ces atrocités suscitées par la croyance dans le pouvoir de la sorcellerie.

 

L’Afrique, un terreau hélas fertile

Déjà en 2009, le pape Benoît  XVI, en visite en Angola, avait exhorté les catholiques à travailler à la conversion des adeptes de la sorcellerie qui faisait encore des ravages en Afrique noire. En 2012, dans le même pays, l’archevêque de Huambo, Mgr Fran­cisco Viti, constate avec un certain effroi que : « Le problème de la sorcellerie prend des proportions inquiétantes, il touche de plus en plus de fidèles, il détruit les liens familiaux et affecte les relations entre les personnes. » En Afrique, la sorcellerie fait encore trop souvent des ravages, même en dehors du cas des albinos. En 2004, à Douala au Cameroun, une étudiante universitaire (!) soutira un litre de sang à sa mère sur la demande d’un sorcier qui lui avait assuré que ce « charme » lui assurerait enfin la réussite aux examens qu’elle avait ratés plusieurs fois.  L’infortunée mère de la cancre ne survécut pas à cette « vampi­risation ».

 

Le Zimbabwe n’est pas épargné. En 2010, il y sévit un terrible gang de femmes. À plusieurs, elles violent les hommes non pour assouvir leurs pulsions sexuelles mais pour récolter dans des préservatifs du sperme destiné à des potions magiques fort lucratives !

 

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