Les célèbres Onna Mushasha, ces « femmes samouraï » devenues des légendes

L’Asie guerrière incarne, aux yeux des Occidentaux, la loyauté, la tranquillité, le dépassement de soi. Nous associons très naturellement les samouraïs – répandus au Japon du XIIe au XIXe siècle – à de puissants guerriers empreints de spiritualité. Si cette armée japonaise est essentiellement composée d’archétypes masculins et virils, quelques rares figures féminines ont pourtant fait partie des rangs... et ont bien fait parler d’elles !

 

 

 

Certes culture patriarcale, la civilisation japonaise n’est pourtant pas exempte de femmes qui ont réussi à inverser la tendance. Fines expertes en arts martiaux, cavalières hors pair et cheffes de guerre sans pareil, les femmes samouraïs sont peu nombreuses et, par conséquent, sont de véritables légendes dans l’imaginaire collectif actuel. Le terme « femme samouraï » s’emploie ici de façon générique. En effet, cette appellation n’a jamais été utilisée pour désigner ces rares femmes sur les champs de bataille. Ces combattantes professionnelles étaient appelées onna mushasha – littéralement, femmes guerrières. Dans l’Est asiatique, la femme est en contact, depuis sa plus tendre enfance, avec les armes dans un entrainement rigoureux. Cette propension à l’excellence dans les arts martiaux n’est donc pas arrivée par hasard chez celles que nous allons présenter. Au contraire, c’est d’ailleurs étonnant que si peu de guerrières peuplent la littérature japonaise alors qu’elles sont de véritables championnes dès l’adolescence.

 

 

Plus tard, si les hommes sont honorés d’aller servir leurs chefs et défendre leur territoire, leurs épouses restent au foyer – n’allez pas croire qu’elles s’en tiennent uniquement aux tâches ménagères pour autant. Elles deviennent de farouches tueuses quand il s’agit de défendre leurs enfants et la maison en l’absence du chef de famille. Ce sont elles qui contrôlent entièrement la vie domestique et – ce qui est rare –, qui gèrent les finances de la maisonnée. Un autre rôle encore leur incombe : entraîner les jeunes garçons au combat, leur inculquer les règles, les valeurs, le code du parfait petit samouraï. Dès lors, elles maîtrisent à la perfection les valeurs véhiculées par la culture japonaise et connaissent les armes mieux que quiconque. De plus, elles sont bien souvent entraînées, elles aussi, pour assurer la protection des jeunes samouraïs et sont les reines de la dissimulation d’armes qu’elles portent continuellement sur elles. De cette façon, elles peuvent surprendre l’assaillant, bien souvent plus fort qu’elles. Parmi leurs lames fétiches : la naginata, long sabre, le tantō, dague courbe ou encore le kaiken, un sabre très tranchant. Ces mères entrainées cachent leurs armes dans les manches de leur kimono ou sous la ceinture de celui-ci, appelée obi. La naginata, un peu trop encombrante, est placée stratégiquement à l’entrée de l’habitation, afin d’être très rapidement à portée de main. D’autres piques mortelles ne quittent jamais la femme japonaise, notamment les kanzashis, des bijoux qui composent les coiffures traditionnelles, tout à fait pratiques pour trancher la gorge d’un ennemi s’approchant d’un peu trop près.

 

À l’instar de leurs époux, les femmes doivent être capables de défendre leur honneur...au prix de leur vie ! D’une force mentale extrême, il est de leur devoir de se donner la mort, mais pas selon le seppuku, l’éventration que nous connaissons sous l’appellation plus commune de hara-kiri. Il n’est en effet pas envisageable selon le code samouraï que la femme meure dans une position indécente. Elles se doivent donc de se lier les pieds afin que les jambes soient bien serrées et non pas de s’ouvrir le ventre, mais bien de se trancher la carotide. Cet acte est appelé le jigai. La beauté après une éventration ou un égorgement est toutefois très... subjective.

 

 

Nakano Takeko, professeure d'arts martiaux et grande guerrière (1817-1868)

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