Dossier – Les Borgia : Le trio maléfique de la Renaissance

Ils ont pour nom Sixte IV, Innocent VIII et Alexandre VI. Ils se succèdent de 1471 à 1503.

 

Sixte VI

 
Sixte VI est intronisé le 25 août 1471, après quatre jours de conclave. Il a l’idée de taxer les prostituées et les prêtres concubinaires de Rome, ce qui apportera dans les caisses vaticanes des montants considérables, sans que l’on sache quels sont les principaux contributeurs.

 

Mais cette manne ne semble pas suffisante, car il va pratiquer un sport bien romain, la simonie ou trafic d’objets sacrés, de biens spirituels ou de charges ecclésiastiques. De quoi entretenir fastueusement de nombreux et beaux jeunes gens qu’il fait cardinaux, comme son neveu Raphaël, élevé à cette dignité à l’âge de 17 ans.

 

 

Il élèvera certains de ses neveux, pour de moins coupables raisons, à la dignité cardinalice : Giuliano della Rovere, qui deviendra pape sous le nom de Jules II, ainsi que deux des quatre frères Riario : Pietro et Girolamo. Les deux autres, Leonardo et Giovanni, sont faits préfets de Rome. Sixte sera critiqué pour ce népotisme effréné.

 

En 1478, à la fin de la Reconquista espagnole, il accorde à Ferdinand d’Aragon et Isabelle de Castille l’autorisation de créer l’Inquisition espagnole, et nomme Torquemada, de sinistre mémoire, Grand Inquisiteur.  Ce qui permet aux très catholiques souverains espagnols de procéder à une épuration religieuse et raciale, qui tranche singulièrement avec l’attitude relativement conciliante des occupants musulmans pendant la période d’El Andalus. (Vocable qui désignait pour eux la péninsule ibérique).

 

Innocent VIII

 

Innocent VIII, le successeur de Sixte VI, est élu pape le 24 août 1484. Son installation est la conséquence des intrigues – on dirait aujourd’hui le lobbying intense – d’un neveu de Sixte IV, le cardinal della Rovere, et d’un autre cardinal, espagnol celui-là, Rodrigo de Borja, qui italianisera son nom en Borgia après son arrivée à Rome.

 

 

La vénalité et le goût de l’argent du nouveau pape lui font battre tous les records en matière de corruption, népotisme, faux privilèges et intrigues, dans une Rome qui a pourtant vu passer quelques orfèvres en la matière.

 

Il ira jusqu’à reconnaître ses enfants illégitimes, une première dans l’histoire de la papauté, et organisera leurs noces au Vatican. Moyennant finances, il crée cardinal le fils de Laurent de Médicis, Giovanni, alors que le gamin n’est âgé que de 13 ans. Giovanni deviendra pape sous le nom de Léon X.

 

Alexandre VI Borgia

 

Le 31 octobre 1501, le Vatican plonge dans le stupre et la fornication la plus bestiale lors d’une orgie organisée par le pape Alexandre VI. On y verra cinquante courtisans danser avec autant de prostituées dénudées, participant à un singulier concours au cours duquel ceux qui avaient honoré le plus de filles, ou accompli des performances particulièrement remarquées, recevaient des prix. Le pape Alexandre VI, son fils César et sa fille Lucrèce constituaient le jury. Les diplomates en poste au Vatican, qui transmettaient à leurs maîtres les ragots salaces sur les Borgia, répandirent la nouvelle, en ajoutant que les appartements du pape avaient été transformés en bordel, faisant état de pas moins de 25 prostituées introduites dans les appartements pontificaux chaque nuit pour fournir de la compagnie aux soirées bunga-bunga organisées par le pape, son fils César et un grand nombre de cardinaux.

 

Il ne s’agit pas ici d’anticléricalisme désuet, mais d’une compilation de dépêches diplomatiques mentionnant les faits. Un des témoins indignés par ces excès est Jean Bruckhart, le maître des cérémonies de la cour pontificale, qui tient un journal précis de tous les événements qui se déroulent alors au Vatican.

 

 

Mais le plus ombrageux des pourvoyeurs d’échos sur les Borgia est alors un certain baron Silvio Savelli, dont les terres avaient été confisquées par le pape. Savelli vouait à Alexandre une haine sans limites, et après avoir reçu une lettre débordant des détails les plus scandaleux et croustillants sur le pontife et sa famille, Savelli la fit traduire dans toutes les langues européennes et l’expédia à toutes les cours royales. Il qualifiait le pape de monstre et d’animal infâme, et disait :

« Qui ne serait pas horrifié en entendant les récits de la monstrueuse lascivité ouvertement pratiquée au Vatican, défiant Dieu et toute décence humaine ? Qui ne serait pas choqué par la débauche, l’inceste, l’obscénité des enfants du pape ? Il n’est pas de maison de mauvaise réputation ou de bordel qui ne soit pas plus respectable que le palais de Saint-Pierre. »

 

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