Les premiers soldats libérateurs de Paris à entrer dans la capitale au soir du 24 août 1944 ne furent pas, comme on pourrait le croire, américains, mais principalement espagnols. Comment peut-on expliquer cela ?
Il s'agissait des combattants de la Nueve, la 9e compagnie du régiment de marche du Tchad, qui se posta en renfort des Forces françaises de l'intérieur lors de l'insurrection contre l'autorité nazie. En effet, le 20 août 1944, le général de Gaulle insiste auprès du commandement suprême des forces allies pour que les troupes françaises libres soutiennent l’insurrection contre l’occupant. De Gaulle soutient donc Leclerc qui veut tirer parti de cette insurrection pour libérer rapidement Paris. La participation à la bataille de Paris de cette troupe composée principalement de républicains espagnols, souvent anarchistes, reste son fait d’armes le plus connu, bien qu’il n’ait été reconnu que très tard par la France et l’Espagne.
La compagnie surnommée Nueve faisait partie de la deuxième DB du Général Leclerc, qui fut la première à marcher sur Paris le 24 août 1944, à 20 heures, accompagnée d’un peloton de chars de la 501e RCC, en arrivant par la porte d’Italie.
Les Américains de la 4e division d'infanterie du général Barton n'arrivèrent que le lendemain. Les Espagnols participent également au défilé de la victoire et forment l’escorte du général de Gaulle sur les Champs-Élysées. Ils défilent en portant les couleurs de la Seconde République espagnole, le rouge et le jaune, et une bannière géante aux mêmes couleurs ouvrent le défilé le temps d’un instant. Les protestations ultérieures du régime de Franco face à cet affront sont ignorées par le gouvernement français.
Le tout premier libérateur à être reçu à l'hôtel de ville, à 21h22, par le président du Conseil national de la Résistance, Georges Bidault, fut le lieutenant espagnol Amado Granell, proclamé héros de la France Libre.