George Everest au sommet du monde

C’est le plus haut sommet du monde. Niché au cœur de l’Himalaya, entre le Népal et le Tibet, il domine la planète Terre du haut de ses 8 848 mètres. Vous l’avez reconnu, c’est l’Everest. Mais savez-vous qu’il porte le nom d’un Anglais ? Sir George Everest. Un Anglais qui, probablement, ne l’a jamais vu…

 

 

George Everest a 16 ans lorsqu’il quitte son Pays de Galles natal pour s’engager dans l’artillerie du Bengale. À l’époque, les Anglais sont en train d’asseoir doucement leur domination sur l’Inde. Ils ont commencé par ouvrir des comptoirs commerciaux à Bombay, à Madras, à Calcutta… Puis ils mettent en place une administration. Et en 1806, ils décident de cartographier le pays. C’est une manière de mieux connaître, et donc de mieux contrôler ce vaste territoire. Il ne s’agit pas d’une mission scientifique. À sa tête, on trouve d’ailleurs un 36 militaire : le lieutenant-colonel Lambton. Et George Everest est l’un de ses assistants.

 

 

Cartographier l’Inde n’est évidemment pas une mince affaire. Lambton décide de commencer par la pointe sud et de remonter peu à peu, pas à pas vers le nord. Mais sa vie n’y suffit pas. Et lorsqu’il meurt, en 1823, c’est George Everest qui prend logiquement sa succession à la tête de l’expédition. Il est nommé Arpenteur général des Indes.

 

La fonction n’est pas de tout repos. Everest est en permanence sur le terrain, il doit gérer un matériel lourd, que l’on transporte à dos de chameaux, et 700 ouvriers qui suivent à pied. Il faut aussi tenir compte des moussons, des inondations… Sans oublier le paludisme qui fait régulièrement des ravages dans la troupe.

 

Mais George Everest tient bon et, au bout d’une trentaine d’années de pérégrinations, le voilà arrivé dans le nord de l’Inde, au pied de l’Himalaya.

 

On lui donne son nom… Il proteste !

 

Pour le cartographe qu’il est devenu, c’est un peu la cerise sur le gâteau puisque l’on dit qu’il y aurait là des montagnes particulièrement élevées. George Everest est donc plus que jamais pressé d’avancer, de mesurer, d’arpenter, même s’il sait que le terrain risque d’être difficile et le climat rigoureux. Mais il se trouve confronté à une autre difficulté, politique celle-là : le Népal, craignant une annexion par les Anglais, refuse de les laisser entrer sur son territoire. Everest et ses hommes sont donc bloqués au pied de l’Himalaya. C’est pour lui une immense déception et il décide de prendre sa retraite. Il rentre donc en Angleterre, où il est anobli pour services rendus à la patrie.

 

Pendant ce temps, sur le terrain, le travail continue. Et un jour de 1856, après des années d’arpentage et d’estimations, le successeur de George Everest, Andrew Waugh, révèle avoir mesuré le sommet le plus haut du monde.

 

Andrew Scott Waugh

 

Les Anglais n’ont pas pour habitude de rebaptiser les lieux. Ils reprennent généralement leur nom indigène. Mais là, comme ils ne peuvent pas pénétrer sur le territoire népalais, ils disent ignorer quel nom les Népalais donnent à ce sommet. Andrew Waugh propose dès lors qu’on l’appelle « Everest », en hommage à son prédécesseur et maître.

 

George Everest sort alors de sa retraite… pour protester ! Il est très honoré, certes, mais il sait, pour avoir vécu en Inde durant de longues années, que son nom est totalement imprononçable par les Indiens. Peu importe. En 1865, la Royal Geographical Society de Londres entérine officiellement l’appellation de l’Everest.

 

À l’ époque , personne ne s’ en est offusqué . Mais depuis, les Népalais aimeraient qu’on rende à leur montagne le nom qu’ils lui ont toujours donné : Chomolungma – ce qui signifie « déesse mère du monde ». Et il y a fort à parier que, s’il l’avait su, George Everest ne s’y serait pas opposé.

 

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