La médecine française au XIIe siècle vue par un chroniqueur arabe : entre chirurgie et boucherie

En 1138, le chroniqueur arabe Oussama Ibn Mounqidh a noté quantité de comportements des Francs dont il a été le témoin. Les faits suivants, dans le domaine médical, l’ont particulièrement édifié.

Un jour, le gouverneur franc de Mouneitra (Liban) fit appel à un médecin arabe nommé Thabet pour deux cas urgents. Celui-ci soigna d’abord un chevalier souffrant d’un abcès à la jambe en l’enveloppant d’un emplâtre. L’état de sa tumeur s’améliora. Le deuxième cas était celui d’une femme souffrant de consomption, dépérissement observé dans toute maladie grave. Il prescrivit la diète. Mais survint un médecin franc qui se moqua de ces soins, pour en administrer de plus radicaux.

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Il s’adressa au chevalier : « Que préfères-tu, vivre avec une seule jambe ou mourir avec les deux ? ». Bien sûr, il choisit la première solution. Le médecin ordonna à un chevalier de venir avec une hache bien aiguisée. Sous les yeux du chroniqueur et à l’injonction du « boucher », le chevalier asséna un grand coup de son outil sur la jambe pour la couper net. Mais elle resta partiellement attachée et le blessé mourut sur-le-champ.

Le médecin examina ensuite la malade et déclara, sûr de lui : « Elle a dans la tête un démon qui est amoureux d’elle. Coupez-lui les cheveux. » Elle recommença à manger ce qui lui avait été interdit, assaisonnant ses aliments d’ail et de moutarde, et la maladie empira. « C’est donc le diable qui est entré dans la tête ! », prétendit le médecin franc. Saisissant un rasoir, il incisa le crâne en forme de croix, faisant ainsi apparaître « l’os de la tête », qu’il frotta avec du sel. La malheureuse en mourut aussitôt ! Le médecin arabe repartit horrifié.

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