Sculptés de 1927 à 1941, les visages de Roosevelt, Jefferson, Washington et Lincoln sur le mont Rushmore risquent d’être visibles un moment. En effet, le granit dans lequel ils sont taillés ne s’érode que d’un peu plus de 2 cm tous les 10 000 ans, ce qui devrait les rendre encore discernables dans 7 millions d’années, sauf catastrophe.
Nommée Six grands-pères par les Amérindiens Lakotas, une peuplade sioux, la montagne fut rebaptisée d’après Charles E. Rushmore, un grand avocat de New York qui la remarqua durant une expédition en 1885. Lieu sacré pour les Amérindiens, le mont Rushmore fit partie intégrante de la route que le chef indien Black Elk emprunta lors d’un voyage spirituel qui le mena au sommet du pic qui porte son nom à proximité du mont.
Après toute une série de batailles dont celle de Little Bighorn contre les Amérindiens de 1876 à 1877, les États-Unis, attirés par les richesses de l’ouest, conquirent le territoire qui appartenait aux Amérindiens depuis la signature en 1868 du traité de fort Laramie.
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[products columns="3" limit="2" orderby="rand" tag="napoleon"]Pour les pionniers blancs, le pic possédait plusieurs noms différents comme Cougar Mountain, Sugarloaf Mountain, Slaughterhouse Mountain, ou bien encore Keystone Cliffs. La colline fut baptisée mont Rushmore durant l’expédition d’exploration menée par Rushmore, David Swanzey, et Bill Challis.
L’historien Doane Robinson évoqua pour la première fois l’idée du mont Rushmore en 1923 pour favoriser le tourisme local. Au départ, le projet de sculpture du Mont fut lancé pour attirer les visiteurs dans la région des Black Hills au Dakota du Sud. En 1924, Robinson persuada l’artiste Gutzon Borglum d’explorer la zone pour s’assurer de la faisabilité du travail. Borglum avait à ce moment déjà réalisé un énorme bas-relief pour un mémorial célébrant les leaders des États confédérés sur la montagne Stone Mountain en Géorgie. Le plan original prévoyait de façonner le granit de la colline Needles dans les Black Hills. Borglum se rendit compte toutefois que la roche érodée de cette colline ne convenait pas, car elle était trop friable pour supporter la sculpture et ses détails. Il choisit alors le mont Rushmore qu’il apprécia également pour son excellente exposition au soleil. Borglum dit du mont Rushmore en le voyant : L’Amérique défilera le long de cette ligne d’horizon.
Après de longues négociations avec le président américain Calvin Coolidge et une délégation du Congrès, le projet reçut l’approbation de ce dernier qui autorisa le lancement d’une commission nationale du mémorial du mont Rushmore le . Calvin Coolidge insista pour que deux républicains et un démocrate se tiennent auprès de Washington.
Entre le et le , Gutzon Borglum et 400 ouvriers sculptèrent ainsi les quatre visages hauts de 18 mètres pour commémorer les 150 premières années de l’histoire des États-Unis. Les présidents furent choisis par Borglum pour leurs rôles respectifs dans la préservation et l’expansion du territoire. George Washington représente la naissance de la nation en tant que premier président. Thomas Jefferson symbolise son développement à la suite de l’achat de la Louisiane à Napoléon Ier en 1803. Abraham Lincoln incarne son union pour son rôle dans la Guerre de Sécession. Theodore Roosevelt figure son extension, notamment pour la construction du canal de Panama qui permit de relier l’est et l’ouest du pays.
En 1933, le service national des parcs prit Rushmore sous sa juridiction et participa au projet en améliorant les infrastructures. Par exemple, il perfectionna une voie ferrée pour que le sommet du mont soit plus facilement accessible aux ouvriers. Le , le visage de Washington fut achevé. Il aura fallu deux essais au sculpteur Gutzon Borglum pour réussir celui de Thomas Jefferson. Sa première tentative, à droite de George Washington, a été réduite à néant par un défaut du granit. La tête a dû être effacée de la montagne en 1934 à coups d’explosifs. Le deuxième portrait de Jefferson cette fois-ci à gauche de Washington a été inauguré en 1936. Le visage d’Abraham Lincoln le . En 1937, une demande de fonds supplémentaires fut introduite auprès du Congrès pour ajouter la tête de Susan B. Anthony, mais seuls ceux pour terminer les visages déjà commencés furent alloués. En 1939, Theodore Roosevelt fut inauguré.
L’atelier du sculpteur qui contient une exposition de moules en plâtre et d’outils ayant servi à la réalisation de l’œuvre fut construit en 1939 sous la direction de Borglum. Borglum mourut d’une embolie en mars 1941. Son fils, Lincoln Borglum, acheva le projet, mais des fonds insuffisants sonnèrent la fin des travaux. Il faut remarquer que le plan initial prévoyait d’ériger également le buste des quatre présidents, mais seuls les visages furent terminés.
Borglum avait aussi imaginé la réalisation d’un panneau géant reprenant des faits historiques comme la déclaration d’indépendance, la constitution américaine, l’achat de la Louisiane et sept autres acquisitions comme l’Alaska ou le Texas.
Le coût total de l’œuvre s’éleva à 989 992,32 dollars. Il est intéressant de constater qu’aucun ouvrier n’a trouvé la mort lors de sa réalisation, ce qui est remarquable pour l’époque.
Dans un canyon à proximité se situe une chambre creusée dans la roche. Sa construction, planifiée par Borglum, dut être arrêtée en 1941, à cause du manque de fonds. Elle ne redémarra en fait jamais, mais le dépôt, en 1998, d’un coffre en teck, recouvert de titane et enchâssé dans la roche à l’entrée de la chambre originelle, permit de respecter la volonté de l’artiste. Ce coffre contient 16 panneaux en porcelaine émaillée. Ils accueillent des textes qui expliquent comment le mont Rushmore a été choisi pour que s’y trouvent les sculptures, qui les ont réalisées, les raisons ayant conduit à la nomination des quatre présidents et une courte histoire des États-Unis. Borglum avait initialement prévu d’y intégrer la Déclaration d’indépendance, la Constitution et la biographie des quatre chefs d’État et de Borglum. La plaque de pierre qui scelle le dépôt porte une citation de Borglum :
« [...] permettez nous de placer ici, gravé en grand, aussi près que possible du ciel, les mots de nos dirigeants, leurs visages, pour montrer à la postérité quelle sorte d’hommes ils étaient. Priez ensuite pour que ces archives résistent jusqu’à ce que seuls le vent et la pluie les emportent par usure. »
Des travaux furent également réalisés dans les années 1990 pour améliorer les infrastructures d’accueil des visiteurs. Des ouvriers alpinistes escaladent chaque année l’œuvre afin de l’entretenir. Le , la société allemande Kärcher réalisa une opération marketing en nettoyant la sculpture avec de l’eau pressurisée et chauffée à 95 °C.