Vivre pendant la Seconde Guerre mondiale

Vivre pendant la Seconde Guerre mondiale

La faim justifie les moyens

La ration officielle, qui évitait la famine, coûtait seulement 6 francs par jour environ, mais elle ne fournissait que 1200 calories, soit la moitié de ce qui était consommé en 1939. Dès lors, le vol de tickets de rationnement, parfois perpétré dans une violence inouïe, apparut d’autant plus scandaleux. Le 25 juin 1942, devant la mairie du XIIe arrondissement, quatre individus sortirent de la file, braquèrent tout le monde de leur revolvers et repartirent avec un millier de feuilles de tickets de pain, outre un millier d’autres bons de rationnement.

Les initiatives se multiplièrent pour combler le manque de nourriture. Parmi les différentes solutions envisagées, on décida de mobiliser les enfants des écoles pour ramasser les châtaignes et les glands, pour planter des pommes de terre et faire la chasse aux doryphores. Des Parisiens affamés mangèrent du chat en civet. Parfois, un placard ou des annonces dans la presse déconseillaient vivement à la population de consommer du rat, porteur de germes. Simone Martin-Chauffier, grande résistante lyonnaise, rapporte dans ses Mémoires qu’une famille avait cuit et mangé un jambon grouillant d’asticots et que «les asticots défunts ne firent de mal à personne ».

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Dans ces temps de restriction, toute récupération possible s’imposait. On traquait les moindres mégots de cigarettes pour en fabriquer de nouvelles, dont les paquets étaient revendus très chers. On récupérait les cheveux coupés chez les coiffeurs pour faire des étoffes ou des semelles de chaussures. À défaut de bas, les femmes se peignaient les jambes ; l’eau des spaghettis servait pour la soupe...

Tout fourrer au four du boulanger

« Le problème le plus aigu, alors, n’était pas tant la nourriture, surtout à la campagne où l’on arrivait toujours à se débrouiller, que le combustible. Plus que celle du fer, la route du charbon était coupée», affirme Jean-Jacques Brochier. Aussi les gens patients s’arrangeaient pour cuire peu ou prou les plats dans une «marmite norvégienne», avec la seule chaleur d’une ampoule électrique, ou bien, plus généralement, en profitant du four du boulanger. « Le dimanche matin surtout, après la procession de la sortie de la messe, commençait, dans la grande rue de Chessy, la procession vers la boulangerie, où chacun amenait son plat recouvert d’un torchon bien propre. »

Parer au froid

Pour parer au froid glacial de l’hiver 1940-1941, il fut conseillé de doubler les vêtements d’intérieur de feuilles de journaux, un merveilleux isolant, ou encore d’insérer une couche de plumes, de kapok ou de vermicelles de papier entre deux tissus légers, protection assurée plus efficace qu’un vêtement épais. De même, il fut vivement recommandé aux cyclistes de faire adapter sur leur guidon des « pare-brise pour les mains », déjà très en vogue en Belgique et aux Pays-Bas. Ils consistaient en coquilles en cuir, fixées à l’avant de chaque poignée. Mais, vu les restrictions, il fut demandé de remplacer ce matériau de luxe par le feutre d’un vieux chapeau ou par un morceau de toile cirée.

Les vélos-taxis

Le taxi 1942 était une bicyclette ou un tandem tirant une caisse rembourrée et protégée par une toile de tente. Le client avait le droit, moyennant un rabais, d’enfourcher la deuxième selle et de pédaler lui-même pour atteindre sa destination. En hiver, les passagers bénéficiaient d’un pare-brise et d’une toile cirée qui couvrait leurs genoux. Le kilomètre se payait de 5 à 9 francs et la prise en charge 5. Aussi, ces véhicules de fortune, rassemblés près des carrefours et des gares, étaient-ils destinés en priorité aux gens aisés et âgés. Les jeunes se contentaient du vélo.

Les Zazous

En 1942, l’appellation Zazous désignait les jeunes gens qui se distinguaient par leur passion du jazz et leur tenue excentrique. Ennemis de Vichy, ils étaient traités par les collabos « d’éruption pustuleuse, symptôme morbide de la décomposition bourgeoise qui, au lieu d’accomplir leurs devoirs civiques, demeuraient dans les jupes de leur mamans et près des robes extra courtes des fillettes écervelées, précoces à cervelles de linottes».

Pour convoler en justes noces

Un jour, une jeune fille de ferme du Vendômois vit descendre du ciel une nuée de parachutistes. « Dire que je me marie dans huit jours et que je n’ai pas de robe blanche », leur dit-elle quand elle les eut rejoint. Aussi, et en dépit du règlement, l’un d’eux lui offrit son parachute blanc. « Si vous aviez vu sa joie. J’aimerais bien savoir ce qu’elle est devenue», attestera-t-il plus tard.

Collaboration cul-cul

À son arrivée à New York, Pierre Lazareff, ancien directeur de Paris-Soir, proclama :

«Tant que les Allemands seront en France, notre collaboration avec eux sera celle qu’une paire de fesses peut avoir avec une paire de bottes »

Pluies de bombes

En 1944, près de 500 000 bombes tombèrent sur le sol français. Le Havre connut 1000 alertes en quatre ans. Le 23 septembre 43, Nantes fut survolée vers 16 heures par les avions alliés. Comme il s’agissait de la 321e alerte, la population ne se rendit pas dans les abris. Bilan : 1150 morts.

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