La tragédie de l’USS Indianapolis, quand les requins sont aussi dangereux que les Japonais…

Le 30 juillet 1945, après avoir livré des pièces détachées pour la bombe d’Hiroshima sur l’île Trinian, l’USS Indianapolis est coulé par un sous-marin japonais, alors qu’il avait accompli quatre jours plus tôt avec brio sa mission. À cause de l’équipement un peu vieillot du navire, l’équipage fut incapable de détecter la présence de l’ennemi et le capitaine McVay, responsable de l’USS, n’avait pas été informé que, quelques jours auparavant, un sous-marin japonais avait déjà torpillé dans ces eaux un bateau de la US Navy.

Il fallut à peine douze minutes au navire, traversé de plein fouet par deux torpilles, pour sombrer totalement. Sur près de mille deux cent marins à son bord, environ neuf cent purent se sauver en sautant à la mer avec pour seul équipement un gilet de sauvetage. Les autres périrent soit lors de l’explosion soit lors de l’engloutissement du bâtiment. Un message de détresse est aussitôt envoyé, mais les autorités navales américaines prétendent ne jamais l’avoir reçu. Une autre hypothèse soumet l’idée qu’ils n’y auraient pas prêté attention, croyant à un piège des Japonais pour les attirer dans une zone dangereuse.

Les survivants, perdus en mer et oubliés de tous, attendent pendant cinq jours désespérément des secours : comme ils ne savent pas que leur appel à l’aide n’a pas été entendu, ils pensent l’arrivée des secours imminente et gardent le moral malgré la température de l’eau. Cependant, après deux jours, leur optimisme se perd quand ils voient rôder dans les environs une bande de requins, qui ne parait pourtant pas vouloir les attaquer directement. Les hommes essaient tant bien que mal de se regrouper pour ne pas que certains deviennent, par leur isolement, des proies faciles.

La troisième journée fut de loin la plus difficile quand les requins, qui ont pourtant disparu durant la nuit, reviennent plus nombreux et passent à l’attaque : plusieurs hommes se font dévorer sous les yeux de leurs compagnons, impuissants. La mort, omniprésente, la peur et le désespoir brisent le moral de tous les marins. La déshydratation, quant à elle, fait presque autant de victime que les requins.

Le 2 août, les survivants sont accidentellement trouvés par les lieutenants Chris Wilber et Warren Colwell, qui effectuent une patrouille aérienne de routine. Toutes les unités capables de partir à leur secours sont envoyées dans le secteur.

C’est par avion que les premiers survivants sont évacués, les autres le sont par bateau. Les recherches pour secourir tous les survivants se poursuivent jusqu’au 8 août et, sur les neuf cents membres de l’équipage qui avaient survécus à l’attaque du 30 juillet, seuls 317 sont retirés vivants des eaux, après cinq jours à affronter la peur, la soif, la faim, les requins et le désespoir.

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