La fin de la guerre côté allemand : le journal de bord du général Koller

Hitler hurle : « IL NE RESTE QU’UN BATAILLON. ATTAQUEZ ! CE SERA LA VICTOIRE ! »

Ainsi commence le journal de bord du général Koller, chef d’état-major de la Luftwaffe. Il vécut les dernières heures de la résistance hitlérienne à Berlin d’abord, dans l’abri bétonné où le Führer se suicida, puis en Bavière. Ce journal est entamé le 14 avril 1945. Hitler, lui-même, lui avait donné ordre de le tenir. À la date où le général Koller commence son journal, les Russes sont aux portes de Berlin. Les Alliés avancent rapidement au nord et au centre de l’Allemagne. Mais Hitler croit encore en la victoire.

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Karl Koller

Hitler : « Une bande de flemmards, tous ces gens de la Luftwaffe ! Personne ne travaille. Partout, des bâtons dans les roues. Les Russes subiront tout de même, devant Berlin, la défaite la plus sanglante qu’on puisse imaginer ! »

Et Hitler veut pendre, sur le champ, tous les chefs de la Luftwaffe. Personnellement, je pense qu’ils seront repoussés sur l’Oder dans les premiers jours, mais ils possèdent une telle quantité de troupes qu’ils peuvent envoyer, sans cesse, des renforts, tandis que nous n’avons aucune réserve à l’arrière. Je ne serai jamais capable de comprendre cette illusion du Führer. C’est humainement impossible !

Hitler : « Tous les chasseurs à réaction seront donnés à Rudel, qui les rassemblera sous son commandement. »

On lui objecte que Rudel éprouvera des difficultés à commander des avions à réaction, qu’il n’est pas encore familiarisé avec eux, qu’il n’en connaît pas la technique de vol, que ses capacités sont d’un tout autre ordre.

Hitler : « Ça n’a pas d’importance. Durant la Première Guerre mondiale, ce n’était pas un pilote qui commandait l’aviation, c’était un général d’infanterie. La Luftwaffe n’a pas de général plus qualifié. Quel général peut pister le Messerschmitt 262 ? Rudel est un garçon remarquable. Tous ceux de l’aviation sont des clowns. Gallandler n’est qu’un acteur et beaucoup d’autres... des histrions. Il faudra, tôt ou tard, que j’en fasse fusiller un ou deux et alors ça changera. »

Lors d’une discussion ultérieure, le Führer affirme : « La plupart des drapeaux blancs sont hissés par des étrangers ! Les Allemands ne feraient pas cela ! Le peuple allemand tout entier n’a au fond qu’une pensée : combattre jusqu’au bout. »

Il est décidément impossible de comprendre ce point de vue. Le Führer croit que la nation tout entière pense comme lui ; il n’a aucune idée du moral qui règne. Albert Speer ajouta, en petit comité, avec sa lucidité habituelle : « Si l’ennemi nous traite honorablement, nous devons entrer en discussion avec lui. »

20 avril 1945

Situation catastrophique. La dernière route vers le sud est sur le point d’être coupée. Je rappelle avec insistance au Reichsmarschall Goering, à Keitel, à Jodl qu’il faut saisir la dernière chance de partir par la route, ceci afin d’éviter les inévitables reproches dont est victime la Luftwaffe. Le Reichsmarschall m’informe, dans la soirée, qu’il partira pour Berchtesgaden, dès la fin du rapport du Führer. Naturellement, il fera en sorte que le Führer passe ses colères sur moi.

21 avril 1945

Le Führer critique le fait que les avions à réaction n’aient pas quitté leur terrain de Prague, hier. Je réponds qu’ils sont continuellement attaqués par les chasseurs ennemis de l’Ouest. Ils ne peuvent décoller parce qu’on ne peut leur accorder une couverture suffisante de chasseurs.

« En ce cas, répond le Führer, ce n’est plus la peine d’avoir des chasseurs à réaction. Quant à l’aviation, elle est superflue ! »

La zone de combat ne cesse de se rétrécir et de changer. L’aviation est encerclée, dans une petite poche, entourée de tous les côtés par un ennemi beaucoup plus fort. On rencontre les pires difficultés à maintenir les communications et à assurer le ravitaillement. On fait tout ce qui est possible. Mais des victoires décisives ne sont plus envisageables et, dans quelques jours, la Luftwaffe sera morte. Dans la soirée, appel du Führer, qui me demande combien il y a de troupes au Karinhall (Résidence fastueuse de Goering en Poméranie (sud de la mer Baltique)). Je lui réponds qu’un bataillon est disponible.

Le Führer ordonne : « Ce bataillon sera mis immédiatement à la disposition du SS Obergruppenführer Steiner, en vue d’une attaque au sud. Tout homme disponible doit être utilisé : ce sera un grand succès ! » Et il raccroche. J’apprends du major Freygang que Steiner est censé lancer une attaque de la région d’Eberswalde, vers le sud. « Nous utiliserons, me dit-il, tout ce qui est disponible. Quand tout aura été utilisé, il ne restera plus que le bataillon du Karinball. »

J’essaie d’atteindre le général Krebs (commandant du Bunker) pour lui demander où se trouve Steiner. Sans succès. Le Führer intervient furieusement :
« Tout le personnel de l’aviation, me dit-il en vociférant, doit être mis à la disposition de Steiner. Tout commandant d’unité qui aura gardé du personnel le paiera de sa vie dans les cinq heures. Vous-mêmes me garantirez sur votre tête que tout homme disponible sera effectivement utilisé. »

Jusqu’à 3 h 30 du matin, on ne cesse de m’appeler du Bunker pour me demander si l’attaque de Steiner a été lancée. On tuera les enfants d’abord puis les adultes se suicideront. Tel est le sinistre mot d’ordre qui court dans le Bunker où Hitler vient de décider de se donner la mort.

Nuit du 22 au 23 avril 1945

Le Führer a reçu des rapports contradictoires concernant l’attaque que devait lancer Steiner avec le seul bataillon disponible. Enfin, Himmler annonce qu’elle a été lancée. La Luftwaffe est chargée de vérifier le fait. Tard dans la soirée, le Major Freygang, de l’état-major de Konrad, m’informe que l’attaque n’a pas été lancée. Steiner n’a pu déployer ses troupes à temps. Après m’avoir annoncé, par téléphone, que des événements historiques sont en train d’avoir lieu et qu’il a quelque chose d’important à me dire, le général Christian vient me voir à 20 h 45 et me rapporte verbalement ceci :

« Le Führer a eu une dépression nerveuse. Il considère la poursuite de la guerre comme sans espoir. Il ne veut pas quitter Berlin. Il désire rester dans le Bunker, quelles que soient les conséquences de cette décision. Keitel, Jodl, Bormann, Le grand amiral Doenitz et le Reichsführer Goebbels, ce dernier par téléphone, ont tous tenté de le faire changer d’avis et de le faire quitter Berlin. Comme argument, ils avancent qu’il est impossible de garder le contrôle des opérations depuis Le Bunker : le Führer doit rester à la tête du Reich. Tout a été vain. Le Führer a fait porter tous ses documents et ses papiers dans la cour du Bunker et les a fait brûler. Il a ordonné à Goebbels de venir auprès de lui. La femme et les enfants de celui-ci sont maintenant avec lui, dans le Bunker. »

Je demande ce qui va leur arriver. Christian me répond : « Ils tueront d’abord les enfants. Les adultes se suicideront ensuite. Le Führer a dit aux autres qu’ils pouvaient quitter le Bunker et aller où ils voudraient. À L’OKW (le commandement suprême de la Wehrmacht), Keitel et Jodl veulent donner un ordre : tourner les troupes sur l’Oder et tenter un dernier effort à l’Est. L’OKW quitte Berlin et se rassemble à Krampitz cette nuit. Je suis tellement brisé que je n’arrive pas à me remettre. Je ne crois pas que le Führer s’en ira. L’atmosphère du Bunker m’a profondément bouleversé. Je ne puis expliquer l’impression que cela m’a faite. »

Cela ne me convient pas du tout. Si je ne dois plus recevoir d’ordres, on doit, au moins, me donner des instructions précises. Il faut, de toute façon, que j’entre en contact avec Jodl. Christian et moi examinons la situation. C’est l’effondrement total du gouvernement du Reich et la débâcle du commandement militaire. Si la décision d’Hitler transpire, il y aura des réactions catastrophiques. Sur tous les fronts, ce sera le chaos. Christian est très déprimé. Il faut que j’obtienne confirmation de son rapport par d’autres sources. Ainsi, maintenant que le Führer nous a mis dans le pétrin, il nous laisse tomber. Il déserte. Il abandonne la nation entière. Quand on lui avait annoncé qu’un directeur des usines Leuna s’était suicidé avec sa femme ou quand on lui avait raconté le suicide du maire de Leipzig, il avait dit : « Folie, lâcheté, fuite devant les responsabilités !... »

Et maintenant, il en fait autant. S’il doit en être ainsi, il devrait au moins nommer un remplaçant qui puisse aller se rendre aux Puissances occidentales en leur disant, en son nom : « Ce que j’ai fait, il fallait le faire. Je me suis battu pour mon peuple... Tout ce qui a été fait a été fait sur mes ordres... » Cela aurait été mieux et plus noble que de s’enfermer dans son Bunker. Durant la nuit, je me rends en voiture auprès de Jodl. Après de longues recherches, je le retrouve à Krampitz, dans un abri. Je lui demande un entretien particulier.

« – Ce que Christian vous a dit est exact, me déclare-t-il. Le Führer a décidé de rester à Berlin, de prendre en main la défense de la ville et de se suicider au dernier moment. Le Führer a déclaré qu’il ne pouvait pas prendre part personnellement au combat pour des raisons physiques. Il ne peut le faire, car il courrait le risque de tomber aux mains de l’ennemi s’il n’était que blessé. Nous avons tous tenté de l’en dissuader. Nous avons proposé de ramener les troupes de l’Ouest pour combattre à l’Est. Le Führer a répondu à cela que tout s’écroulait en morceaux et qu’il n’était plus capable de continuer, qu’il fallait passer les pouvoirs au Reichsmarschall Goering. Nous lui avons dit que les troupes ne se battraient pas pour Goering.
Le Führer a répondu : “Qui parle de se battre ?... Il n’y en a plus beaucoup à se battre et, quand il faudra négocier, le Reichsmarschall pourra le faire mieux que moi.” L’évolution des évènements a profondément impressionné le Führer, continua Jodl. Il ne parle que de trahison, de faillite, de corruption chez les chefs et parmi les troupes. Même les SS lui racontent des mensonges. Il y a longtemps que le Führer a prévu la situation, mais il ne voulait pas le laisser voir. Il a toujours attendu des contre-offensives, beaucoup plus que n’en pouvaient faire des troupes affaiblies.

– Je vais partir pour le Sud cette nuit. Je rapporterai au Reichsmarschall ce que vous et Christian m’avez raconté.

– Entièrement d’accord. Voyez aussi le général Wonter qui fait une inspection des lignes du sud. Qu’il l’interrompe et qu’il rassemble le reste de l’OKW dans le Sud. Dites-lui la décision du Führer et les plans de l’OKW pour la 12e armée. Portez-lui aussi mes ordres relatifs à la forteresse des Alpes. Je ne vois pas par qui d’autre je pourrais le lui faire parvenir. »

Je demande à Jodl ce que sont les plans de l’OKW pour la zone Sud ? Si on arrête les combats dans le nord du front Ouest pour ne les poursuivre que sur le front oriental, il devrait logiquement en être de même dans la zone Sud. À cela, Jodl répond : « Ce n’est pas encore nécessaire dans le sud parce que les lignes de front sont assez détachées sur ce point, mais, avec le temps, il faudra en arriver là aussi. »

Je dis à Jodl qu’on n’a pas le temps. Que si on n’ouvre pas simultanément les négociations avec les puissances occidentales, leurs armées bousculeront les étatsmajors et les services de ravitaillement. Ce qui rendra impossible le commandement sur le front de l’Est. On ne peut pas tourner toutes les troupes vers l’Est, sans négocier avec les puissances occidentales et obtenir leur approbation secrète. Jodl persiste à croire qu’il faut d’abord connaître ce que les Américains feront. Car toute l’histoire de la guerre consiste en une série de chapitres qu’on pourrait intituler : « Trop tard ! »

Je m’envole du terrain de Gatow à 3 h 30. Nuit claire. Vol sans incident. Seul un JU 52, un peu en retard, est attaqué vers 7 heures, par des Mustangs. Un membre de l’équipage et le Dr Schuster sont sérieusement blessés. Frau Gross est tuée.

23 avril 1945

J’arrive à Berchtesgaden à 12 heures. Je me fais conduire sur la colline auprès du Reichsmarschall Goering. Auprès de lui se trouvent le colonel général von Brauchitsch et le Reichsleiter Buhler. Le Reichsmarshall se fait apporter une boîte de conserve où se trouve le texte de loi qui régit la succession du Führer. Il le lit d’abord pour lui-même, puis à nous. La loi prévoit clairement que si le Führer est empêché ou incapable d’assumer ses devoirs pour quelque raison que ce soit, le Reichsmarschall devient son remplaçant ou son successeur, selon le cas, avec tous pouvoirs dans les affaires de l’État, des armées et du Parti. Le Reichsmarschall craint que Bormann n’ait pris, dans l’intervalle, à Berlin, des mesures contre lui et n’ait fait rendre caduque la loi du 29 juin 1941. Il veut que je lui dise si le Führer est en vie et encore en mesure de communiquer avec le monde extérieur. Je ne pense pas, lui dis-je, que Berlin tombera très rapidement ; il faudra bien six ou huit jours, mais je ne peux affirmer de façon péremptoire si le Führer est, oui ou non, encore en vie. Il peut avoir changé d’avis. Je suggère de lui envoyer un câble pour lui demander ce qu’il faut faire. Toutes les personnes présentes m’approuvent. Finalement, on s’arrête au texte suivant :

« Mon Führer, puisque vous avez décidé de rester à Berlin et de défendre la ville, ai-je votre permission de prendre en charge toutes les affaires du Reich, avec tous les pouvoirs à la fois à l’intérieur et à l’extérieur, en exécution à la loi du 29 juin 1941 ? Si je n’ai pas reçu de réponse à 22 heures, je suppose que vous n’êtes plus libre d’agir et j’agirai du mieux de mes capacités. Je ne puis exprimer ce que sont mes sentiments. C’est l’heure la plus difficile de ma vie. Dieu vous protège. J’espère que vous quitterez encore Berlin et nous rejoindrez ici. »

Le Reichsmarschall est décidé à ouvrir immédiatement les négociations avec les puissances occidentales. Il dit qu’il aimerait même « voler » vers Eisenhower si c’était nécessaire. À mon avis, il est depuis longtemps convaincu que la guerre aurait dû être arrêtée au plus tard dès l’automne 1944.
Le Reichsmarschall et le Reichsleiter Buhler condamnent la décision du Führer : c’est une trahison envers la nation allemande. Le Reichsmarschall me congédie. Retour à mon RC. À partir de 20 heures, les communications téléphoniques sont interrompues avec le Reichsmarschall. Vers 23 heures, on m’apporte un câble du Führer adressé au Reichsmarschall :

« Je déciderai personnellement quand la loi du 29 juin 1941 entrera en vigueur. Je suis encore libre d’agir et je vous interdis de prendre aucune mesure dans la direction par vous indiquée. »

À 24 heures, le SS Bredow apparaît et m’arrête sur les ordres du Führer. Bredow est très poli, s’excuse plusieurs fois et me dit que le Reichsmarschall et ceux qui travaillent avec lui sont aussi en état d’arrestation. On m’autorise à rester dans mon appartement, mais j’y suis rigoureusement gardé par les SS et le service de sécurité (SD). Toute communication avec mes adjoints m’est interdite. Je ne peux même pas transmettre mes fonctions au général Schultz.

24 avril 1945

Entre 4 et 5 heures, apparaît le colonel général Von Brauchitsch, accompagné de Bredow. Il est également en état d’arrestation. Bredow m’informe que mon arrestation a été suspendue sur l’ordre du Führer. Le général Winter m’informe qu’il a reçu un ordre du Führer arrivé ici le 26 et parti le 25. « L’OKW (commandant de la Wehrmacht) est responsable devant moi de la continuation de toutes les opérations. Sa principale tâche sera de rétablir le contact sur un large front avec Berlin en attaquant le Nord-Ouest, le Sud-Ouest et le Sud avec toutes les forces disponibles et avec la plus grande célérité afin de terminer victorieusement la bataille de Berlin. » Cet ordre traduit une méconnaissance totale de la situation. Autant que je puisse en juger d’ici, ces attaques n’ont aucune chance d’être lancées et encore moins de réussir.

28-29 avril 1945

J’arrive à Neubiberg (Bavière). L’état-major du Sud est occupé à émettre des ordres pour la forteresse des Alpes. Selon ceux-ci, des usines doivent être montées pour la fabrication de munitions. Sauer pense même y construire des usines aéronautiques. C’est une folie totale. Il n’y a de ravitaillement que pour trois semaines. La forteresse n’a nullement été préparée ; pas de fortifications, pas de canons. Kaltenbrunner, chef de la Gestapo, a fait demander aux officiers arrêtés de signer un engagement pour les SS. Ils ont refusé. Kaltenbrunner a donné l’ordre de les conduire de force dans les unités SS, au front de Vienne. Sur ces entrefaites, le Reichsmarschall, gardé à vue à Manterdorf, m’a appelé. Schultz m’a laissé le message : « Si Koller n’est pas un salaud, sans la moindre correction, il viendra me voir demain ! »

À quoi pense-t-il ? Il me faudrait vingt-quatre heures pour faire le voyage.

1er mai 1945

Deux détectives de l’ancien service de sécurité du Reichsmarschall viennent me voir. Le Reichsmarschall est fou furieux contre moi. Il croit que je l’ai vendu et trahi. Hier, Bormann a adressé un câble à ses hommes de l’Obersalzberg.
« La situation s’aggrave à Berlin. Si nous tombons, vous serez responsables, sur votre honneur, sur vos vies et celles de vos familles, et les traîtres du 23 avril seront tous liquidés sans exception. »

14 heures. Je reçois un message : « Désignation de Doenitz comme successeur du Führer. Signé : Bormann. »

Je téléphone à Kesserling et lui demande en tant qu’officier du plus haut rang de la zone Sud, de faire relâcher le Reichsmarschall. Kesserling est d’accord, mais il préférerait que Doenitz prenne la décision.

2 mai 1945

Les officiers ont été relâchés. Brauchitsch vient me voir. Je l’envoie, avec les autres, auprès du Reichsmarschall.

3 mai 1945

L’ennemi a atteint l’aérodrome de Salzbourg.

4 mai 1945

On dit que le bourgmestre à Berchtesgaden a traité avec les Américains.

5 Mai 1945

Des négociations ont été menées par l’Obergruppenführer Wolf et l’ambassadeur Rahn. Les premières ont eu lieu avec un envoyé de Roosevelt, en Suisse. Le Reichsmarschall pense qu’on devrait envoyer quelqu’un à Eisenhower. Il pense que son nom a encore une bonne résonance à l’extérieur. Kesserling
a donné l’ordre de relâcher le Reichsmarschall. Kesserling vient me voir entre 18 heures et 19 h 30. Il a l’intention d’envoyer un message au gouvernement informant que le Reichsmarschall a demandé une entrevue avec Eisenhower. Il attendra la réponse.

6 mai 1945

Selon des rumeurs fondées sur des nouvelles de source ennemie : armistice à midi.

7 mai 1945

Les troupes ennemies doivent arriver demain. Je fais mes adieux à mon état-major. Brauchitsch se rend au nom du Reichsmarschall auprès des troupes américaines. Il a une lettre adressée à Eisenhower.

8 mai 1945

Greim arrive. Il s’appuie sur des béquilles, complètement effondré, livide. Greun et Hanna Reltsch me racontent que le Führer était encore en vie le 29 avril et sain d’esprit. Il les a renvoyés hors du Bunker... Pour eux, le plus grand malheur de leur vie est de ne pas avoir eu le droit de mourir avec le Führer. Ils me disent que le corps du Führer ne sera jamais retrouvé. Je fais remarquer qu’il a probablement été brûlé. Greim ne me fait pas savoir comment « les » corps ont été détruits. Il répète seulement qu’on ne les retrouvera jamais. Ils me donnent la liste de ceux qui sont morts : le Führer, Eva Braun (ils ne mentionnent pas un mariage entre eux, s’ils en avaient su quelque chose, ils me l’auraient sûrement dit), Burgdorf, Bormann (on notera que, contrairement aux autres versions, il indique un suicide possible de Bormann), Goebbels, sa femme et Below. Je demande des nouvelles de Fegelein. Ils me disent que le Führer l’avait déjà fait fusiller. Il avait essayé de fuir le Bunker en vêtements civils.

Au sujet de Goering, Greim me dit que le Führer a considéré le message du Reichsmarschall comme un ultimatum. Il était persuadé que Goering avait commencé des négociations avec les pays ennemis cinq mois auparavant. Je ne parviens pas à lui faire comprendre que c’est une erreur ou que le Führer a reçu des informations fausses. Le général américain Stack et trente hommes sont arrivés à Fischorn dans la matinée, afin d’assurer la « protection » du Reichsmarschall. Celui-ci n’était pas là. Goering et son escorte sont arrivés dans la matinée. Il avait été pris dans un encombrement du côté de Radstadt. Je ne pus voir personnellement son arrivée. Le major Sandmann, que j’avais dépêché, me rapporta que le Reichsmarschall était plus qu’heureux maintenant qu’il avait échappé au plus grand danger.

9 mai 1945

Je ne peux avoir Goering, en dépit d’appels répétés.

À 0 h 30, j’ai enfin un coup de téléphone. Goering veut me voir de suite, car il doit partir sous peu avec le général Stack. En 10 minutes j’y suis. Trop tard. Le Reichsmarschall est parti.

10 mai 1945

Nous avons perdu la guerre !

 

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