Waterloo – L’horreur pour les chevaux aussi

« Les chevaux aussi étaient dignes de pitié, doux, patients, endurants. Il y en avait qui gisaient avec leurs entrailles pendantes, vivants cependant. Ils cherchaient parfois à se lever, mais comme leurs camarades humains, retombant aussitôt, ils dressaient leur pauvre tête et, tournant leurs regards pensifs de côté, ils s’allongeaient de nouveau, pour recommencer jusqu’à ce que la force leur manquât. Alors, fermant doucement les yeux, une courte convulsion mettait fin à leurs souffrances.

 

Un pauvre animal excitait un pénible intérêt. Il avait perdu, je crois, ses deux jambes de derrière et, assis sur sa queue durant la longue nuit, il regardait autour de lui comme dans l’attente d’une aide, envoyant de temps en temps un long hennissement mélancolique. Quoique sachant que le tuer était un acte de pitié, je ne pus trouver le courage d’en donner l’ordre. J’avais assez vu répandre de sang pendant les trente-six dernières heures, et j’étais écœuré à la pensée d’en verser davantage. Il était encore là quand nous partîmes, hennissant après nous comme pour nous reprocher notre abandon dans son heure de détresse. »

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« (...) Un événement pénible qui s’y rattache fit, oserai-je l’avouer ? encore plus d’impressions sur moi que l’infortune du canonnier Hunt. Les gens de Bolton n’étaient pas engagés depuis longtemps, quand je vis les hommes de la pièce la plus proche de nous déharnacher un des chevaux et le chasser, blessé, supposai-je. Cependant, la bête se tenait droite, allant d’une voiture à l’autre, mais je remarquai qu’elle en était toujours impatiemment écartée. Enfin, deux ou trois canonniers l’emmenèrent devant eux à une distance considérable, puis retournèrent à leur pièce. Sur le moment, je n’y fis pas grande attention, mais je fus frappé par une exclamation d’horreur de la part de quelques-uns de mes hommes à l’arrière. Je fus saisi d’une sensation d’écœurement mêlé d’une pitié profonde quand, à dix pas de moi, je vis le pauvre cheval en question côte à côte avec les porteurs d’un de nos wagons de munitions contre lesquels il pressait ses flancs haletants, comme désireux de se joindre à leur société. Le conducteur, l’horreur peinte sur tous ses traits s’efforçait par paroles et par gestes [car le brave garçon ne pouvait se décider à le frapper] d’écarter de lui un spectacle aussi hideux. Un boulet avait complètement emporté la partie inférieure de la tête de l’animal, juste en dessous des yeux. Cependant, il vivait et semblait parfaitement conscient de ce qui se passait autour de lui, tandis que ses grands yeux clairs semblaient nous supplier de ne pas le chasser loin de ses compagnons. J’ordonnai au vétérinaire Price de mettre fin à ses misères, ce qu’il fit en lui passant son sabre au travers du cœur, montrant lui-même de la bonté en cette occasion. »

 

Alexander Cavalie Mercer

 

 

Copenhague et Marengo

 

Le cheval préféré de Wellington et qu’il monta à Waterloo, appelé Copenhague, était un superbe pur-sang bai brun, qui s’était aguerri aussi bien aux batailles de Vittoria que de Toulouse. Lors de sa mort, il fut enterré avec les honneurs militaires dans le parc d’un des châteaux du duc.

 

Copenhague

 

Napoléon, lui, monta trois chevaux, dont son célèbre Marengo, un entier arabe né en 1794, capturé à Aboukir et ramené de l’Égypte vers la France en 1799, alors qu’il était âgé de 6 ans. Cheval de petite taille (environ 1,40 m au garrot) et de robe gris clair, doit son nom, si on en croit la légende, à la bataille de Marengo où l’Empereur fut victorieux en 1800 alors qu’il le chevauchait. Napoléon l’aurait également chevauché pendant les batailles d’Austerlitz, d’Iéna et de Wagram. Marengo aurait été capable de galoper cinq heures d’affilée pour couvrir les 130 kilomètres entre Burgos et Valladolid, et aurait parcouru 80 kilomètres à jeun entre Vienne et Semmering en plus d’avoir survécu à la retraite de Moscou.

 

Marengo

 

Marengo, capturé à la fin de la bataille, se retrouva en Angleterre où il fut exhibé et servi aussi à la reproduction. Il n’a pas, comme Copenhague, encore eu droit à ce jour au repos éternel car son squelette trône dans une vitrine du musée de la célèbre académie militaire anglaise de Sandhurst.

 

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