Le camp de vacances cauchemardesque de Prora

Ley choisit sur l’île de Rügen, la plus grande de la Baltique, un site pour y construire des immeubles sur une grande échelle.

Conçu en 1934, il s’agissait d’un complexe de 100 blocs d’appartements à six étages, chaque immeuble étant relié aux autres par des corridors. L’ensemble pouvait accueillir 20 000 personnes à la fois.

Les constructions commencèrent en 1936. S’étendant sur 5 kilomètres de côtes, ce camp de concentration pour touristes n’était pas conçu pour permettre à ses occupants de s’adonner aux joies du farniente. S’inspirant des plans des cabines des bateaux de croisière, les chambres mesuraient deux mètres sur quatre et étaient pourvues de deux lits individuels. Hitler ne voulait pas que ses cobayes traînent au lit dans leurs chambres, mais qu’ils restent dehors pour y subir un lavage de cerveau en règle.

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Car non seulement tous les bâtiments étaient amplement pourvus de haut-parleurs, mais l’extérieur en était également truffé : ils étaient censés garder les malheureux vacanciers informés des prochains événements, soigneusement planifiés, de la liste des réjouissances. Un immense auditoire avait été prévu, capable d’accueillir l’ensemble des 20 000 vacanciers, où ils seraient bombardés de passionnantes conférences sur le génie du Führer, agrémentées de discours de propagande. Heureusement pour les populations, le début du conflit mit fin à la construction du projet, alors qu’il était presque achevé. Les immeubles restèrent vides, offrant la même vue cauchemardesque que celle des interminables suites de blocs d’appartements sans âme, que les constructeurs de HLM érigèrent après le conflit un peu partout en Europe.

Alors, Kracht durch Freude ? Une curieuse vision de la force par la joie des psychopathes nazis, mais pas plus que celle du travail, que l’on retrouvait à l’entrée des camps de concentration : Arbeit macht Frei. Le travail rend libre…

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