Louis XI : un roi pervers polymorphe

Portrait

 

À en croire Philippe de Commynes, conseiller et chroniqueur du roi lui-même, « il était laid, bavard, disgracié, débile, superstitieux, avait un nez bossué, démesurément long. Ses jambes étaient grêles et déformées, sa démarche embarrassée. Il était nerveux, impatient et il lui fallait de grands efforts de volonté pour dissimuler les désirs et les haines qui le rongeaient. Il avait l’habitude de boire beaucoup de vin ». Il évoque aussi sa méfiance excessive et ses colères violentes. Mais Louis XI n’était pas aussi austère et bilieux qu’on l’a prétendu. Il adorait rire et se régalait d’histoires salaces, qu’il écoutait et racontait en grand nombre. Mais il préférait encore passer à l’acte. Il se faisait régulièrement amener à la cour, par des rabatteurs appointés, quelques demoiselles légères traînant dans les rues. Pourtant, certains ont prétendu qu’il était impuissant. Si c’est vrai, conclut Breton, l’histoire de France n’a jamais compté un impuissant aussi puissant ! Mais c’est faux. Avec Marguerite de Sassenage, il eut deux filles, dont l’aînée, Jeanne de France, fut légitimée et mariée au bâtard de Bourbon, amiral de France. Macho dans l’âme, Louis XI considérait les femmes comme des objets de plaisir, des ventres à engrosser dans son lit, de préférence après un bon repas !

 

Par ailleurs, il fut un travailleur acharné, passionné par sa charge, et un humaniste avant la lettre, qui enrichit sa bibliothèque de manuscrits latins, accueillit des savants grecs exilés, libéra François Villon…

 

 

 

Sadique précoce

 

Une nuit de juin 1437, le dauphin Louis, âgé de seulement 14 ans, envahit avec son armée la petite ville de Château-Landon, en Gâtinais, pour en déloger la garnison anglaise. Cela fait, il ordonna de massacrer les prisonniers pour agrémenter un dîner, en guise d’attraction. Mais l’attention se relâcha parce que les Anglais étaient trop nombreux et que les bourreaux sans imagination répétaient inlassablement les mêmes gestes : les masses faisaient éclater les crânes, les cervelles jaillissaient, le sang giclait. Aussi, au bout d’un moment, la digestion aidant, les convives s’endormirent dans le bruit des marteaux et des cris, sans attendre la fin du carnage.

 

 

Zoophilie ?

 

Louis XI aimait beaucoup les chevaux, les chiens et les oiseaux. Les princes d’Europe savaient que la meilleure façon de plaire au roi était de lui offrir des chiens de chasse, qu’il affectionnait plus particulièrement, surtout les minuscules bichons de Chio et les lévriers efflanqués. Ceux-ci, qu’il gratifiait de colliers de cuir de Lombardie, cloutés d’or, recevaient les soins les plus exquis : leurs pattes étaient baignées dans du vin chaud, leur nourriture préparée par des apothicaires, et leur salut garanti par des offrandes à saint Hubert. Le favori, Mistadin, était vêtu de robes et couchait dans un lit. A la fin de sa vie, quand la maladie ne lui permettra plus de monter en selle, Louis XI se plaira à faire courir des rats dans sa chambre et à lancer sur eux des chiens affamés.

 

 

Le roi tenait de sa mère, Marie d’Anjou, la passion des oiseaux. Tandis que des oisillons voletaient dans ses appartements, effarouchés par les chiens, d’autres étaient enfermés dans quatre immenses volières : des rapaces, des chouettes, des paons blancs, des mouettes et – paraît-il – des autruches. Le souverain prenait plaisir à nourrir lui-même ses pensionnaires et les montrait fièrement à ses invités. Brachet a parlé de zoophilie.

 

Mariage forcé

 

Le souverain décida de marier par contrat sa fille Jeanne, alors qu’elle n’était encore qu’un nourrisson, rachitique et bossu, à Louis d’Orléans. La mère de ce dernier s’y opposa, mais fut bien contrainte de plier sinon le roi l’aurait envoyée vivre sur les bords du Rhin, et son fils dans un monastère. Quand, plus tard, l’époux voulut divorcer, le roi non seulement refusa, mais l’obligea à consommer son mariage en présence de deux notaires.

 

 

Humiliation par-derrière

 

Le poète et chroniqueur Jean Mollinet atteste les « inhumanités » permises par Louis XI dans sa tentative de s’emparer d’Arras en mars 1477, en raison de la résistance des habitants : violer les vierges, trucider les innocents, piller les hôpitaux, enfermer les adolescents, tuer les enfants, noyer les vieillards... En guise de vengeance, lorsque le roi passait à proximité des créneaux des remparts, les défenseurs exprimaient leur mépris... en lui montrant leurs fesses !

 

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