Il pèse à peine 1500 grammes mais c’est un gouffre de mystère. Le cerveau de l’homme reste l’une des dernières « terres inconnues » proposées aux explorateurs du corps humain.
Pour sonder ce petit trésor de matière grise et tenter de comprendre le fonctionnement complexe de cet incroyable labyrinthe composé de quelque 12 milliards de neurones, de hardis neuro-chirurgiens ont commencé, depuis quelques décennies, à s’aventurer avec précaution dans les vertigineux méandres de cet organe qui passe pour le chef d’œuvre de la création.
On sait déjà que notre cerveau est capable de traiter à chaque seconde des milliards d’opérations (l’équivalent de 200 milliards de bits d’information), ce qui reste de loin supérieur aux performances des ordinateurs les plus sophistiqués. Avec sa masse gélatineuse, qu’on appelle « grise » (simplement parce que le tissu cérébral, composé des neurones formant le cortex, n’a pas un aspect blanc de blanc), notre cerveau est donc un outil de travail extraordinaire, qui tient pourtant dans le creux de la main.
Les premiers chercheurs ont déjà pu se rendre compte d’un certain nombre de ses étonnantes facultés, le plus souvent en étudiant ses anomalies, ses manifestations les plus déconcertantes, comme l’épilepsie ou ses crises de folie. Occasionnellement, ils ont pu constater qu’il semblait aussi parfois le siège de phénomènes jusqu’ici inexplicables, que l’on a fini par qualifier de « paranormaux ».
L’intrusion de la science dans le cerveau humain se faisait, il n’y a guère, par des opérations barbares : à l’aide de scies circulaires, de trépanations et d’autres méthodes de torture dignes d’un Dr Frankenstein. Certaines opérations « à cerveau ouvert » ne sont plus pratiquées que pour des cas graves d’épilepsie, quand il s’agit de couper le faisceau de fibres qui relie l’hémisphère droit à l’hémisphère gauche, afin d’éviter la propagation de la maladie à l’autre moitié du cerveau.
Une fois les hémisphères séparés l’un de l’autre, les expérimentateurs ont pu observer les comportements respectifs de ces deux moitiés de cerveau malade et déterminer leurs fonctions spécifiques.
Chaque hémisphère possède en effet des facultés qui lui sont propres. On sait, par exemple, que chez les sujets droitiers, c’est l’hémisphère gauche qui l’emporte sur le droit, qui est ailleurs moins volumineux. Chez les gauchers, c’est l’inverse l’hémisphère droit est dominant. Pour la plupart d’entre nous, le gauche est donc le foyer de la logique, du raisonnement, de l’analyse, de la parole, de la notion de temps et des aptitudes mathématiques. L’hémisphère droit, par contre, est le siège de l’imagination, de l’intuition, du sens artistique, du rêve, des aptitudes créatrices. Il reste toutefois entièrement dépendant de la partie gauche du cerveau. Mais c’est aussi dans cette partie droite que résideraient, croit-on, ces fameuses facultés dites « paranormales », encore si controversées.
Une hypothèse audacieuse a été émise par certains chercheurs pour tenter d’expliquer la perte - chez beaucoup d’entre nous - de ces pouvoirs mystérieux qui semblaient plus développés autrefois. En un temps où les communications verbales étaient moins élaborées, nos ancêtres avaient sans doute davantage recours à leurs facultés intuitives. À mesure que le langage et la logique prirent une place prépondérante dans les relations sociales, les facultés « psi » auraient perdu peu à peu de leur importance jusqu’à disparaître presque complètement.
Pour retrouver les pouvoirs extrasensoriels qui sommeillent dans la moitié droite de notre cerveau, il suffirait peut-être de mettre en veilleuse notre moitié gauche...
De nos jours, l’exploration du cerveau s’effectue selon des méthodes moins sanglantes. L’électroencéphalogramme (EEG) permet, depuis les années 30, de sonder le cerveau pour en étudier l’activité électrique et déceler les foyers d’anomalies. L’IRM (imagerie par résonance magnétique) détecte les différentes densités des régions du cerveau pour repérer les tumeurs ou les accidents vasculaires.
Les scanners, nés de la conjugaison de l’ordinateur et des rayons X, redessinent en trois dimensions le cerveau vu sous des angles différents. Pour parachever cette topographie cérébrale, la caméra à positrons enregistre tous les changements qui peuvent se produire dans notre organe le plus noble, sous l’influence notamment des drogues ou des médicaments.
Les chercheurs peuvent ainsi détecter la source des signaux qui traduisent nos émotions. Les identifier mais aussi peut-être un jour les contrôler…
Les électrochocs sont encore en usage lorsqu’il y a lieu de réguler momentanément l’activité électrique des neurones. Cette thérapie, pratiquée généralement en psychiatrie et sous anesthésie, consiste à provoquer une crise convulsive du patient en lui posant sur le crâne des électrodes soumis à une tension de 100 à 150 Volts.
Mais la réputation plutôt sinistre de cette méthode nous vient de l’ex-URSS où des « expériences », souvent peu soucieuses de considérations déontologiques, ont permis aux médecins russes de prendre une certaine avance dans l’étude des phénomènes cérébraux. Ils auraient notamment pratiqué des manipulations à distance sur des populations involontairement cobayes. Les infimes courants électriques qui parcourent le cerveau humain seraient en effet influencés et perturbés par les ondes de basse fréquence. Selon certaines indiscrétions, les savants soviétiques auraient réussi à endormir ou à exciter à volonté des populations entières dans un rayon de 2 kilomètres.
Le danger est donc permanent de voir ces techniques de recherche et d’investigation tomber entre des mains peu scrupuleuses. L’homme n’est jamais loin du monstre… Mais en essayant de plonger au plus profond des circonvolutions de l’organe de nos pensées, les hommes de science ont surtout pu constater la profondeur de leur ignorance. Le cerveau humain, selon eux, n’aurait livré jusqu’ici qu’un dixième à peine de ses secrets.
Que nous réservent les neuf dixièmes qui échappent encore à notre compréhension ?