Thomas Midgley, l’homme qui intoxiqua la planète

Devant un parterre de journalistes, l’homme trempe longuement ses mains dans un récipient plein d’essence. Puis, saisissant une bouteille remplie de carburant, il inhale pendant une bonne minute les vapeurs qui s’en échappent, avant de déclarer qu’il pourrait faire ça tous les jours sans souffrir du moindre effet secondaire…

Un fou ? Non, un chimiste américain. Thomas Midgley est l’inventeur de l’essence au plomb, qu’il a développée en 1921 pour General Motors. Une innovation géniale qui résout l’embarrassant défaut des moteurs à explosion, ce cliquetis qu’ils font entendre en fonctionnant.

Seul petit problème : l’essence au plomb est un produit effroyablement toxique. Tout le monde le sait, mais les intérêts en jeu sont trop importants. General Motors et la Standard Oil, qui commercialisent le produit, mettront tous les moyens en jeu pour passer sous silence la multiplication des intoxications mortelles et la contamination de l’air par le plomb.

Le scandale finit tout de même par éclater. Midgley est alors mis à contribution, chargé de prouver coûte que coûte l’innocuité de sa belle invention. D’où cette démonstration spectaculaire… et suicidaire. Car Midgley connait mieux que personne les dangers de l’essence au plomb : moins d’un an plus tôt, il a lui-même été victime d’une sévère intoxication…

Il faudra attendre les années 1980 pour que les Etats-Unis interdissent l’essence au plomb. L’Union européenne tardera jusqu’en 2001 pour le faire. Dans certains pays, notamment en Afrique, elle est toujours commercialisée…

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