Les Français font de « leurs bons » Sénégalais des monstres…

La Première Guerre est certes mondiale, mais est également multiculturelle. À partir d’octobre 1914, des hommes venant des cinq continents commencent à débarquer pour se battre sur le front des Flandres. Des unités indo-britanniques, des tirailleurs africains, des Amérindiens, des Sikhs, des Maoris, des hommes venant des Caraïbes, des Îles Fidji, des dizaines de milliers d’ouvriers du Chinese Labour Corps... Plus de cinquante cultures différentes seront présentes en Belgique durant la guerre.
 
Depuis l’apparition du « politiquement correct », il est de bon ton d’affirmer que les troupes coloniales auraient été utilisées dans les coups durs en tant que « chair à canon ». Voici ce qu’en pense Jean-Yves Le Naour, docteur en Histoire et grand spécialiste de la Première Guerre mondiale :

 

« Sur les 180 000 tirailleurs sénégalais, dont 130 000 ont combattu en France, 30 000 sont morts, ce qui représente un mort pour six mobilisés : c’est à peu de chose près la proportion de décès que l’on observe parmi les poilus français. En conséquence, les soldats noirs n’ont pas plus été de la chair à canon que leurs frères blancs. La mauvaise conscience coloniale des Français (et des Belges NDLA) a continué par la suite, et jusqu’aujourd’hui, à tisser ce mythe de la chair à canon. En cette matière, Noirs et Blancs étaient égaux... pour une fois ! ».

 

Par contre, il est vrai qu’ils souffrirent de nombreux préjugés raciaux encore très coutumiers à l’époque. Une série de clichés représentaient le tirailleur sénégalais comme étant un sauvage anthropophage, nettoyant les tranchées avec son « coupe-coupe », mutilant les prisonniers afin de se faire des colliers de nez ou d’oreilles, les arborant fièrement comme on le ferait d’un trophée. Ces clichés furent également amplifiés par la propagande de l’armée française afin de faire peur aux soldats allemands.

 

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