À la fin du XIXe siècle, le professeur Lombroso, célèbre psychiatre, s’était livré à certaines expériences sur le magnétisme. Les résultats parfois terrifiants qu’il avait obtenus avaient décidé ses collègues, ainsi que lui-même, à ne pas pousser plus loin de telles investigations.
C’est beaucoup plus tard que des savants soviétiques de l’Institut de parapsychologie de Leningrad crurent bon de prendre la relève.
Les méthodes du professeur Lambroso étaient, il faut bien le dire, assez déconcertantes et même plutôt effrayantes. Il faisait entrer dans son laboratoire un homme d’un naturel paisible, plutôt docile. L’ayant mis en état d’hypnose, il lui suggérait qu’il était un redoutable bandit. Aussitôt l’homme, devenu furieux, se faisait menaçant, proférait des menaces et brandissait une arme imaginaire. Alors, sans se faire remarquer, le médecin approchait de la nuque de son patient un puissant aimant. Coup de théâtre sans avoir reçu d’ordre nouveau, sans qu’une seule parole ait été prononcée, l’homme reprenait son état normal.
Poussant plus loin son expérimentation, Lombroso mit dans une des mains de son patient un revolver et dans l’autre une pelote de laine en lui suggérant, toujours sous hypnose, qu’il était bandit d’un côté et femme de l’autre. L’homme mima alors l’un et l’autre personnage simultanément. Son comportement s’inversait selon l’orientation de l’aimant.
L’expérimentateur suggéra également tour à tour à son cobaye humain des sentiments de joie, de bien-être, une sensation de chaleur. Et chaque fois qu’il inversait les pôles de l’aimant, le sujet hypnotisé éprouvait sans transition les sensations opposées de la tristesse, de la terreur, une impression de froid jusqu’à en grelotter.
Hallucinations en flacon
De surprise en surprise, Lambroso constata qu’au simple toucher d’un flacon, hermétiquement fermé, contenant une substance spécifique, le cobaye sous hypnose ressentait directement les effets de ce produit (l’ivresse si le liquide était de l’alcool par exemple) et que ces effets variaient selon le côté de la tête où le contact avec le flacon se produisait. Selon qu’il s’agissait du côté de l’hémisphère cérébral droit ou gauche, les réactions pouvaient être diamétralement opposées ou en tout cas très modifiées.
Lombroso parvenait à suggérer à ses cobayes humains, qui ignoraient le contenu des flacons, toutes sortes de sensations exacerbées, toujours en rapport avec la nature du produit, provoquant ainsi tour à tour salivation, sueurs, extase, vision religieuse, ivresse ou même delirium tremens.
Des bonheurs magnétiques
Les chercheurs soviétiques, qui reprirent les expériences par la suite, sont arrivés à la conclusion qu’il était également possible de modifier les réactions d’un cerveau - humeur, sentiments, sensations – chez des individus, même en état d’éveil, sans le recours à l’hypnose, en recourant au champ magnétique d’un aimant.
De telles expériences ouvrent évidemment des perspectives insoupçonnées mais quelque peu inquiétantes. On peut penser que demain, les différentes formes de bonheur ou de bien-être, l’orgasme ou la suppression de la douleur, seront aussi faciles à obtenir que la lumière en tournant un simple commutateur électrique.
Car c’est bien, en définitive, d’électricité qu’il s’agit. Les expériences de Lombroso, cet apprenti-sorcier, auront mis en évidence les propriétés et les réactions électromagnétiques de notre encéphale. On parle aujourd’hui plus volontiers de bio-électronique.
Notre cerveau est en effet une mini pile électrique, dont le voltage n’excède pas 1/10 de volt. Cela ne l’empêche pas de fonctionner comme un super ordinateur dont les connexions internes se chiffrent par milliards.
Une chose est sûre : le cerveau humain est encore loin d’avoir livré le secret de tous ses secrets !
Source: "Curieuses histoires de l’étrange", Christian Vignol.
ISBN : 978-2-87466-202-7