Tous les phares sont un peu d’Alexandrie

Et  si l’on donnait  un  coup  de  projecteur  sur…  les phares ? Qui se souvient encore que les phares tirent leur nom de l’île de Pharos, une île de la Méditerranée où l’on construisit jadis le phare le plus imposant de tous les temps, la septième merveille du monde : le phare d’Alexandrie.

 

Nous voilà donc au temps d’Alexandre le Grand, dans la Grèce antique. Alexandre a conquis d’immenses territoires, mais lorsqu’il décède, sans héritier, son empire est complètement démembré. C’est ainsi que l’Égypte revient à Ptolémée.

 

Ptolémée était l’ami d’enfance d’Alexandre, puis il est devenu l’un de ses généraux, et le voilà donc roi d’Égypte. Il décide dès lors d’aller s’installer à Alexandrie.

 

C’est Alexandre lui-même qui a fondé la ville, quelques années auparavant. Pour choisir son emplacement, on dit qu’il s’est inspiré de L’Odyssée où Homère évoque « un îlot, en avant de l’Égypte, qu’on appelle Pharos ». C’est là, sur la côte, face à cette petite île de Pharos, qu’Alexandre ordonne la construction d’une ville qui portera son nom : Alexandrie.

 

Lorsque Ptolémée s’y établit, vers l’an 300 avant notre ère, c’est encore une ville modeste. Mais Ptolémée a pour ambition de supplanter Athènes. Il veut faire d’Alexandrie une nouvelle capitale culturelle. Il lance alors la construction d’une bibliothèque, la plus fameuse bibliothèque de l’Antiquité, dans laquelle il rêve de rassembler le savoir du monde entier. Il fait venir à Alexandrie les plus grands scientifiques de son temps, parmi lesquels le mathématicien Euclide, même s’il avoue que la géométrie d’Euclide lui semble assez incompréhensible…

 

Ptolémée a aussi des projets de développement. Notamment pour l’île de Pharos, qui fait face à Alexandrie. Dans un premier temps, Ptolémée imagine relier l’île au continent par une digue qu’on appelle l’Heptastade parce que sa longueur équivaut à sept stades. Ensuite, il décide de faire bâtir une tour lumineuse à la pointe de l’île. Premier objectif : guider les bateaux. Depuis que le commerce maritime a commencé à se développer, on a mis au point une signalisation à l’aide de feux. Au départ, les feux étaient allumés sur des promontoires puis, pour augmenter leur visibilité, on a construit des tours au sommet desquelles on fait de grands feux pour baliser les passages dangereux.

 

Un chantier digne des pyramides

Mais la tour de Ptolémée a un second objectif : elle doit montrer la grandeur d’Alexandrie aux voyageurs qui débarquent dans la ville. Ptolémée se lance donc dans la construction d’une tour monumentale, une tour en pierre surmontée d’une statue de Zeus. C’est un chantier digne des pyramides, qui va d’ailleurs durer une bonne quinzaine d’années. Au final, le phare d’Alexandrie, comme on l’appelle aujourd’hui, mesure pas moins de 135 mètres de haut. À titre d’exemple, il faut savoir que, de nos jours, le plus haut phare du monde mesure à peine – si l’on peut dire – 82 mètres.

 

La tour lumineuse de l’île de Pharos est la plus imposante qui ait jamais existé. Tellement imposante qu’elle va passer à la postérité. D’abord, elle entre dans le cercle très fermé des sept merveilles du monde. Puis tous les édifices de ce type, toutes les tours lumineuses et, par analogie, toutes les lumières qui aident à guider prennent le nom de Pharos. Ce sont des phares.

 

Le phare d’Alexandrie a orienté les marins et époustouflé les voyageurs pendant des siècles, jusqu’au grand tremblement de terre de 1303 qui le réduit en ruines. Au siècle suivant, un  sultan, craignant les Ottomans, décide de faire construire une forteresse à cet endroit et, assez logiquement, il récupère les vieilles pierres du bâtiment en ruines… Le phare d’Alexandrie, la septième merveille du monde, disparaît à jamais.

 

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